Au Cameroun, 34% des femmes en âge de procréer (FAP) utilisent une méthode de contraception, mais seulement 21% utilisent une contraception moderne, la méthodes la plus utilisée étant le préservatif masculin (7%), pendant que la contraception d’urgence n’est même pas mentionnée (MICS 2014). Parmi les femmes qui utilisent les méthodes traditionnelles, seulement 55% connaissent suffisamment leur cycle menstruel pour éviter une grossesse pendant que, en général 6 sur 10 femmes ont un besoin non satisfait en matière de contraception moderne. Plusieurs femmes porteuses de grossesse non désirées, se tournent vers l’avortement, malgré le contexte socio politique et judiciaire fortement restrictif contre l’avortement.
21% des FAP ont affirmé au cours d’une étude qu’elles avaient déjà eu un avortement et 40% parmi ces dernières avaient déclaré avoir fait plus d’un avortement (Barot, 2011). Chez les femmes de 15 à 35 ans, le taux d’avortement se situe autour de 30 à 40% et 23,1% de ces avortements étaient volontaires (CAMNAFAW, 2015).
L’avortement étant fortement pénalisé, les pratiques non médicalisées sont adoptées et comportent des risques énormes. En Afrique, l’avortement non sécurisé représente la troisième cause de décès maternels avec 13% de décès maternels (OMS, 2016). Au Cameroun, selon Tiako et al. l’avortement non sécurisé et les grossesses extra-utérines sont les principales causes des décès maternels dans la ville de Yaoundé (Tiako, 2017).
Dans ce contexte de faible pratique contraceptive moderne et de pénalisation de l’avortement, une question qui se pose est celle-ci: Quels sont les mécanisme/outils que disposent les femmes dans la gestion des grossesses non désirées? Ces mécanismes/outils sont-ils sans risque pour leur santé?
Ainsi, une étude a été menée dans le cadre du projet de franchise sociale, Women Health Project (WHP), dans le but de comprendre le vécu des pratiques contraceptives et d’avortements non sécurisés, afin de proposer des axes solution de réduction des risques liés à de telles pratiques.